Écrire la nuit.

Écrire la nuit
Alors que dans la conscience
A demi éclairée se faufilent
Les fantômes d'un sommeil retardé

Les yeux hypnotisés
Par l'éclat de la feuille blanche
Les ombres funambules
Cherchent les cordes du papier

Soudain la page s'obscurcie
Les pieds se multiplient
Les mots d'une ligne à une autre
Sautent de plus en plus bas

Quelle acrobatie
Quel spectacle
Que celui du récit
Qui prends forme

Mais les yeux se referment
La main s'entrouve
Une ombre tombe à point
Et le sommeil aussi

Colette Turgeon


Complice

Cette nuit encore
J'hésite à coucher ma tête sur l'oreiller
Témoin de mon inconscience nocturne
De mes rêves les plus secrets

De mes désirs incontrôlables
Il en connaît chaque violence
Et c'est pour mieux les partager
Qu'il se fait doux comme un amant

Cette nuit encore le rêve
Et il le sait
Et il attend
Patient immobile
Le corps gonflé sur le drap blanc

Cette nuit encore je m'abandonne
Sachant bien qu'à mon réveil
Il restera silencieux bouche cousue
Les traits tirés aux quatre coins

Il gardera pour lui les songes
Et je n'aurai que des regrets

Colette Turgeon

 
Poêmes d'aujourd'hui
*
La nuit


J'aime la nuit,
Quand tout se fait sans bruit
Dans le silence des choses endormies.
Dans le noir mes yeux cherchent le secret des ombres.
Qu'ont- elles vu?
Qu'ont-elles entendu?

Elles nous observent. Abandonnés,
Inconscients de leur présence nous sommes à leur merci.
Souvent elles savent que je suis éveillée
Je les sens qui rôdent  autour de mon lit.
Quand elles approchent  d'un peu trop près,
Je ferme les yeux.

Elles sont là!
Ma respiration est entrecoupée
par les battements de mon coeur .
Je ne bouge plus.
La chaleur de mon corps augmente.
Je suis brulante d'énergie.

Est-ce là leur secret?


Colette Turgeon